Zoom sur la paille

 

S’il existe diverses méthodes de construction en bottes de paille sur la planète, la technique qui s’impose en Europe est la paille installée en complément isolant d’une ossature bois. Mais là encore les techniques sont nombreuses : en remplissage de coffres, en isolation extérieure de panneaux CLT ou de murs, ou en bottes rentrées en force entre 2 poteaux qui, selon de type de parements choisis, seront directement enduites ou protégées par divers moyens selon si elles sont centrées dans le mur,  ou encore déportées côté intérieur ou extérieur.  

Les mœurs évoluent concernant ce matériau, on peut le constater avec la création du RFCP (Réseau Français de Construction Paille) qui en 2011 fait accepter les règles professionnelles par la C2P : la mise en œuvre des bottes de paille de blé est alors acceptée dans le « domaine traditionnel » et les « techniques courantes de construction ». Une 3ème version des règles professionnelles a été notifiée en 2018.

En 2021, près de 1500 professionnels ont été formés dans le cadre de la formation « Pro-Paille » et environ 5000 bâtiments ont été construits avec ce matériau (estimation de 500 constructions à l’année). On constate également une forte augmentation des constructions publiques comme des groupes scolaires, des salles de spectacles ou des immeubles de bureaux. Autre exemple encore avec l’isolation extérieure d’un ancien immeuble de logements sociaux de 7 étages au cœur de Paris. Une première en France qui met l’intérêt de la paille sur le devant de la scène, et pas uniquement pour le neuf et la maison individuelle.

On connaît tous la fable des 3 petits cochons, où la maison en paille est considérée comme la plus faible. Aussi absurde que cela puisse paraître, cette fable est la cause principale de ce préjugé.

Bien au contraire, la paille a des avantages qui ne sont pas négligeables : capacités phoniques et thermiques (0,052 W/m.K), bon comportement en cas d’incendie, ou encore le fait qu’elle ne se tasse pas. Sa durabilité n’est plus à prouver puisque l’on peut croiser des maisons en paille de plus d’un siècle. Et enfin, pour ne pas dire surtout, en plus de son faible coût, la paille est écologique car « puits de carbone », renouvelable, biodégradable et à très faible « énergie grise ».

Dans le domaine de la construction, ce sont les bottes de paille provenant des céréales (seigle, blé, orge, triticale, etc.), hors avoine, qui sont utilisées. La création de ces bottes ne nécessite quasiment aucune transformation car la paille est mise en œuvre sous forme de parallélépipèdes correspondant aux bottes fabriquées par les botteleuses dites de « moyenne densité ».

La région Bourgogne Franche-Comté compte quelques 700 000 ha de céréales qui peuvent devenir un fort potentiel de production de bottes de paille. De ce fait, en plus d’un accès facile à la ressource, éloignant les risques de pénurie et de spéculation, la paille peut avoir un avantage économique et social pour la région. Enfin, notons que d’après diverses études, il suffirait de 10% seulement de la paille de blé produite en France pour isoler tous les nouveaux logements en construction.